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Lettre d'information 2025

Trocy, le 26 décembre 2025.

Chers amis,

Selon une tradition désormais bien établie, le temps est venu de vous donner des nouvelles de Conférence par cette troisième lettre d'information.

L'année écoulée a été riche en publications : dix livres ont paru en 2025, quatre autres trouveront place sur les étals des libraires dans les prochaines semaines. Comme l'année passée, certains ouvrages n'auraient pu prendre corps sans le soutien particulier de membres de notre association ; qu'ils en soient ici chaleureusement remerciés.

Les projets pour 2026 et au-delà ne manquent pas, dont la suite de cette lettre vous donnera un aperçu. Si vous souhaitez nous aider, n'hésitez pas à renouveler votre adhésion, ou à nous contacter pour soutenir tel ou tel projet.

La période est propice aux voeux : nous formons celui de pouvoir vous retrouver au premier trimestre pour une rencontre à Paris. Plus d'informations à venir !

Avec l'assurance de notre reconnaissance,

Pour la Société des Amis de Conférence,
Ghislain Mercier

Pour les Éditions Conférence,
Christophe Carraud

Les livres parus en 2025

Dix livres ont paru en 2025. Vous pouvez les retrouver sur le site des Éditions en cliquant sur l'image ci-dessous.

Quatre livres seront en librairie dans les prochaines semaines — mais sont déjà disponibles chez l'éditeur.

Les projets pour 2026 et après

Trois livres sont déjà confirmés pour le premier semestre 2026. Ils vous sont présentés plus en détail dans la suite de cette lettre.

Deux d'entre eux sont de Piero Martinetti (1872-1943), professeur et philosophe italien d'une grande singularité dont aucun texte n'a été traduit en français à ce jour. Ces deux courts livres — L'âme des animaux (1926) et Socrate (1939) — seront suivis ultérieurement de deux volumes plus longs, comprenant le Bréviaire spirituel, le Bréviaire de métaphysique, des Lettres (1895-1942) et bien d'autres écrits remarquables.

Le troisième est dû à Sergio Quinzio (1927-1996), dont les monumentaux Commentaires de la Bible publiés entre 1972 et 1976 consacrèrent la réputation d'exégète visionnaire, à la fois rigoureux et mystique. La Défaite de Dieu (1992) appartient à la toute fin de sa vie et témoigne d'une oeuvre d'une intensité unique.

D'autres livres sont naturellement envisagés pour la suite de l'année.

Nous aimerions en particulier faire paraître les extraordinaires Pensées à Giulia de Giuseppe Capograssi (1886-1956) à l'occasion du 70e anniversaire de la mort de leur auteur.

Il s'agit là du recueil des 1951 lettres que Capograssi a adressées à sa fiancée Guila Ravaglia pendant les cinq ans qu'ont duré leurs bançailles, de 1918 à 1924 ; et il semble bien que n'existe dans la littérature rien de comparable, par l'ampleur et la richesse, à ces lettres — pas même celles de Goethe à Charlotte von Stein…

Parmi les autres ouvrages envisagés, dans la collection Lettres d'Italie :

Et dans la collection Choses Humaines - Architecture :

Pour faire exister ces livres, tout soutien est bienvenu !

Prochaines parutions

Piero Martinetti, L'âme des animaux. Un volume de 112 pages, de format 13,3 x 20 cm. Traduit de l'italien et préfacé par Arnaud Clément. En librairie le 6 mars 2026.

Dans ce texte pionnier publié en 1926, Piero Martinetti soutient que les animaux, de l'insecte aux « mammifères supérieurs », possèdent tous sans exception une intelligence et une conscience. L'éthique ne peut donc se limiter à la régulation des relations entre les hommes, mais doit s'étendre à la recherche du bien-être et du bonheur de toutes les formes de vie qui, comme l'homme, sont capables de ressentir la joie et la douleur, et d'inventer l'aménagement de la part du monde qui leur revient.

Martinetti est loin de s'en tenir à la thèse devenue classique de la souffrance animale et, comme chez Kant, des devoirs qu'elle nous impose au titre de notre propre humanité. Dans la fidélité à ce que l'on pourrait appeler chez lui une « religion de la raison », il s'étonne notamment du scandale moral que représente l'indifférence des grandes religions occidentales à la souffrance infligée par les hommes aux animaux : ces êtres doués d'une forme d'intelligence et de raison nous sont proches et nous pouvons déchiffrer en eux l'unité profonde qui nous lie à eux.

Pour Martinetti, on ne peut exclure la possibilité qu'à l'avenir, l'humanité découvre « un règne spirituel plus vaste que le règne humain » et qu'elle étende « à tous les êtres vivants ces sentiments de charité et de justice qu'elle considère aujourd'hui comme réservés aux hommes ».

Piero Martinetti, Socrate. Un volume de 96 pages, de format 13,3 x 20 cm. Traduit de l'italien par Christophe Carraud, préface d'Arnaud Clément. En librairie le 6 mars 2026.

Qu'est-ce que fonder en philosophie, ou fonder la philosophie ? La figure de Socrate n'a jamais cessé d'être décisive : c'est à proportion de ce caractère que Martinetti l'interroge, en menant une enquête inséparablement historique et philosophique, et c'est là sans doute sa nouveauté.

Si en effet nous nous pensions philosophes dans le même sens que Socrate, sa figure ne ferait pas mystère et l'enquête ne porterait pas sur la question : quel philosophe était Socrate ? Mais s'il y avait entre lui et nous une rupture radicale — par exemple, dans le fait qu'il était un homme tout occupé de vivre, tandis que la philosophie actuelle s'apparente à une activité théorique abstraite de la vie —, nous cesserions de vouloir nous reconnaître en lui. Ce paradoxe, qui a pour cause l'inadéquation principielle de ce qui est fondé à sa fondation, soit l'impossibilité de faire coïncider la philosophie telle que la pratiquait Socrate et la tradition qu'il a fait naître, est au coeur de l'interrogation de Martinetti : la philosophie, nous dit-il, est une tradition monumentale, vivante et riche ; elle est une grande et belle chose, peut-être la plus grande des réalisations humaines ; Socrate, qui en est le fondateur, doit avoir été un homme d'une valeur exceptionnelle, à la hauteur de l'histoire qui s'est bâtie sur sa vie et sa pensée ; donc le Socrate idéal et le Socrate réel doivent en partie coïncider.

Socrate devient donc une pierre de touche pour Martinetti : la métaphysique de Socrate n'est pas seulement une vague intuition, mais bien sa foi la plus profonde et son plus grand mérite : celui de communiquer au monde entier l'existence en l'homme d'un « principe transcendant » vers lequel tendre. La parole socratique ne se comprend pas sans la volonté d'ouvrir à l'individu une conscience plus profonde de la dimension spirituelle de l'homme et d'en faire valoir l'exigence morale.

Serge Quinzio, La défaite de Dieu. Un volume de 160 pages, de format 12,5 x 18 cm. Traduit de l'italien par Christophe Carraud. Postface de Louis Pailloux. En librairie le 17 avril 2026.

Ce livre énonce, avec une implacable clarté, la question essentielle que se pose quiconque aborde l'Écriture avec l'intention de la prendre au sérieux, de l'accepter dans son intégralité et sa littéralité. Quel est le contenu concret des promesses divines ? Ce sont des promesses de bonheur, de richesse, de plénitude de vie, de justice immédiate. Qu'en est-il advenu ? La réponse, pour Quinzio, ne fait aucun doute : elles n'ont pas été tenues. La Bible, à ses yeux, raconte une succession d'« événements désastreux » non seulement « pour les hommes », mais « avant tout pour Dieu ». Un Dieu aux prises avec le difficile ajointement du temps historique, du temps des hommes où advient toute mort, et du « temps eschatologique », le temps de l'espérance que maintient une foi perpétuellement déçue par l'inaccomplissement des promesses et trouvant cependant en lui la certitude de leur réalisation indéfiniment reportée.

Un Dieu, donc, sans toute-puissance, sans cesse contredit par l'entêtement des faits historiques, mais dont nous sommes condamnés à parler, ne serait-ce que « parce qu'il n'est pas facile de ne plus en parler » ; et c'est précisément en parlant de la défaite de Dieu, en l'intégrant « dans nos équations », que ceux qui croient et ceux qui ne croient pas peuvent se rencontrer.

La foi profonde de l'auteur entre sans cesse en collision avec l'analyse historique, qui montre le caractère tragique de la question que l'homme se pose sur Dieu. L'impossibilité pour Dieu d'exercer sa justice dans le monde — sans quoi, précisément, le monde prendrait fin — entraîne la nécessité d'un mécanisme compensatoire fondé sur des actes sacrificiels « qui ont avant tout le pouvoir d'expier à chaque fois la faute, de compenser l'injustice, de rétablir l'équilibre continuellement rompu ». Le temps confine à l'absurdité d'un Dieu défait. « La déception des premières générations chrétiennes » en attente de la Parousie n'en finit pas de se répercuter. En quoi la vie, pour se poursuivre, peut-elle avoir foi ? Si Dieu lui-même, que l'on disait éternité immobile, meurt dans le temps, pourquoi n'y vivrait-il pas ?